Un perroquet photographié en train de voler

Comment photographier les oiseaux en vol ?

Si vous avez déjà essayé de prendre des photos d'oiseaux en vol, vous devez sûrement savoir que c'est un véritable défi. Photographier un sujet en mouvement n'est jamais très simple mais quand il s'agit des oiseaux, la tâche est encore plus difficile !

S'assurer que le sujet est bien dans le cadre, choisir une vitesse suffisante pour figer le mouvement, faire la mise au point au bon endroit, etc. Tout cela demande un minimum de savoir-faire.

Dans cet article, je vous propose de découvrir les éléments de base pour saisir des oiseaux en vol. Après avoir vu comment figer le mouvement et choisir le mode d'exposition, nous verrons comment faire une mise au point efficace en s'appuyant sur deux cas pratiques.

Figer le mouvement

Dans la plupart des cas, votre but sera de figer le mouvement de l'oiseau en vol. Pour y parvenir il n'y a pas trente-six solutions : vous devez utiliser une vitesse d'obturation rapide (ou un temps de pose court si vous préférez...). Avec une vitesse lente, le mouvement de l'oiseau va être enregistré par le capteur de l'appareil photo et vous vous retrouverez avec un sujet flou.

Par exemple, lorsque j'ai pris la photo ci-dessous, une vitesse de 1/30 s n'était clairement pas suffisante pour figer le mouvement de ce perroquet en vol.

Une photo floue d'un oiseau en vol
230 mm - ISO 100 - f/5,6 - 1/30 s - main levée

En utilisant une vitesse plus rapide (1/800 s), j'ai pu figer le mouvement d'un autre perroquet quelques instants plus tard :

Une photo nette d'un oiseau en vol
310 mm - ISO 1250 - f/5,6 - 1/800 s - main levée

Il n'y a malheureusement pas de vitesse idéale pour figer un sujet. Parfois, il faut une vitesse très rapide de l'ordre de 1/2000 s. D'autres fois, une vitesse plus modérée comme 1/200 s est suffisante.

En fait, plusieurs facteurs entrent en ligne de compte afin de déterminer la vitesse nécessaire pour figer le mouvement :

  • La vitesse de l'oiseau - Il est clair que vous n’allez pas avoir besoin de la même vitesse pour figer un rapace qui plane et un petit oiseau aux mouvements très vifs.
  • Le sens de déplacement de l'oiseau - Un sujet se déplaçant vers vous nécessitera une vitesse moins rapide qu’un sujet se déplaçant latéralement (si l'oiseau traverse le cadre de gauche à droite, par exemple).
  • La distance oiseau/appareil photo. Avec un sujet proche, vous aurez besoin d’une vitesse plus rapide qu’avec un sujet éloigné.

Même si avec l’expérience on a davantage de repères, il faut souvent avancer à tâtons et tester différentes vitesses avant d’arriver au résultat voulu. Retenez que plus la vitesse est rapide et plus vous aurez de chances de figer le mouvement de l'oiseau.

En général, je commence par une vitesse d'au moins 1/200 s puis j'augmente progressivement la vitesse si ce n'est pas suffisant. L'avantage avec le numérique c'est qu'il est possible d’avoir tout de suite un aperçu du rendu et de réessayer si besoin ; il serait dommage de s’en priver !

Choisir le mode d'exposition

Pour être certain d'avoir une vitesse d'obturation rapide vous avez plusieurs possibilités. Tout d'abord, je vous déconseille d'utiliser le mode Automatique (Auto) ou le mode Programme (P). Ils laissent peu de marge de manœuvre et vous serez presque tout le temps déçus du résultat.

Je vous conseille au contraire d'utiliser les modes semi-automatiques : le mode priorité vitesse (S ou Tv) ou le mode priorité ouverture (A ou Av). Avec le mode priorité vitesse, vous choisissez une vitesse et votre appareil adapte automatiquement l'ouverture du diaphragme pour que l'exposition soit correcte. Avec le mode priorité ouverture c'est l'inverse : vous choisissez une ouverture et l'appareil adapte la vitesse d'obturation.

Les modes d'exposition
À gauche le mode priorité vitesse (S ou Tv), à droite le mode priorité ouverture (A ou Av).

Ces deux modes permettent de photographier des oiseaux en vol et le choix se fait surtout en fonction des préférences ou des habitudes du photographe. Le mode priorité vitesse est celui qui paraît le plus adapté pour les sujets en mouvement car il permet d'avoir la main sur la vitesse d'obturation. Avec ce mode il n'y a pas de surprise, la vitesse que vous choisissez sera utilisée par l'appareil pour prendre la photo.

Attention toutefois de ne pas choisir une vitesse trop élevée... En effet, en utilisant une vitesse rapide, l'appareil va chercher à compenser le manque de lumière en sélectionnant une ouverture plus grande. Mais à un moment donné, il va être limité par l'ouverture maximale disponible sur l'objectif.

Si vous voyez que la valeur d'ouverture clignote dans le viseur ou sur l'écran LCD de votre boîtier, c'est que vous êtes allés trop loin... La vitesse est trop rapide pour assurer une exposition correcte de votre image, votre photo sera sombre. Dans ce cas, vous avez deux possibilités pour garantir une bonne exposition : soit vous utilisez une vitesse plus lente, soit vous augmentez la sensibilité ISO pour rendre le capteur plus sensible à la lumière.

Le mode priorité ouverture peut paraître contre-intuitif pour les sujets en mouvement. Pourtant, c'est celui que je privilégie le plus souvent car il me permet de garder la main sur l'ouverture du diaphragme. Et comme vous devez le savoir, ce paramètre a une influence majeure sur la profondeur de champ.

La plupart du temps, je souhaite obtenir un fond flou derrière l'oiseau. Il me suffit donc de choisir une grande ouverture (f/4 par exemple) pour flouter l'arrière-plan et mettre en valeur le sujet. J'appuie ensuite à mi-course sur le déclencheur pour mesurer la lumière et voir quelle vitesse l'appareil me propose. Si cette vitesse est trop lente alors j'augmente la sensibilité ISO, ce qui a pour effet immédiat de me donner une vitesse plus rapide !

Un oiseau figé en vol en train de butiner sur une fleur
440 mm - ISO 1600 - f/5,6 - 1/1250 s - trépied

Pour prendre la photo ci-dessus, j'ai utilisé le mode priorité ouverture et j'ai calé l'ouverture à f/5,6 afin d'obtenir un arrière-plan flou. Avec une sensibilité de 200 ISO la vitesse était d'environ 1/160 s, ce qui était un peu juste pour photographier un oiseau vif comme ce colibri. En augmentant la sensibilité à 1600 ISO, j'ai pu bénéficier d'une vitesse de 1/1250 s et figer beaucoup plus facilement l'oiseau en vol.

Réaliser une mise au point efficace

La mise au point est un autre défi à relever quand il s'agit de prendre des oiseaux en vol. Nous allons voir à partir de deux cas pratiques comment gérer au mieux ce réglage pour que votre sujet soit net et présente un bon niveau de détail.

Cas n°1 : mouvement prévisible

Beaucoup d'oiseaux présentent un mouvement prévisible, notamment les oiseaux de grande taille. À partir de leur envol ces oiseaux empruntent une trajectoire qu'il est assez facile de suivre dans le viseur. Veillez simplement à ne pas trop zoomer, car vous risquez de perdre l'oiseau des yeux. Cadrez large dans un premier temps puis zoomez progressivement une fois que vous arrivez à bien suivre la trajectoire.

Avec ce type de sujet, le mode autofocus continu est le plus adapté. En gardant le déclencheur appuyé à mi-course la mise au point se fait en permanence sur le sujet. Pour utiliser ce mode vous devez choisir le réglage AF-C (Nikon, Sony, Pentax) ou Ai Servo (Canon) en fonction des fabricants. Il vous suffit donc de suivre l'oiseau et de vous assurer qu'il reste bien dans le cadre.

Après avoir sélectionné l'autofocus continu, vous devez ensuite définirla zone du cadre où la mise au point va se faire. Pour cela vous avez plusieurs options. La première option consiste à choisir manuellement un collimateur (ou un groupe de collimateurs) parmi ceux proposés par votre appareil photo. Vous trouverez ce réglage sous les termes « AF point sélectif », « Local » ou « Sélection des collimateurs autofocus » selon la marque de votre boîtier.

La deuxième option, et c'est celle que je vous recommande, consiste à effectuer une sélection dynamique du collimateur. Avec ce réglage, il faut choisir également un collimateur pour faire la mise au point. Mais le gros avantage, c'est que l’appareil photo tient compte des informations fournies par les collimateurs voisins. Si l'oiseau quitte le collimateur que vous avez sélectionné, vous avez donc de grandes chances que l'appareil continue de faire la mise au point au bon endroit et que le sujet soit toujours net.

En fonction des modèles de boîtiers on peut choisir un mode dynamique à 9, 11, 21, 39 ou 51 points. Par exemple, avec un mode à 11 points l'appareil tient compte des 11 collimateurs voisins pour assurer une mise au point optimale. Si vous voulez utiliser ce réglage, vous devez chercher les appellations « AF zone dynamique xx points », « Extension du collimateur AF » ou encore « Zone AF étendue » dans le manuel de votre appareil photo.

Pour prendre la photo suivante, j'ai utilisé le mode autofocus continu de mon boîtier et j'ai suivi ce héron garde-bœufs dans le viseur en maintenant le déclencheur enfoncé à mi-course. Dès que l'oiseau a été suffisamment proche pour occuper une bonne place dans le cadre j'ai enfoncé le déclencheur à fond.

Un oiseau net en train de voler
500 mm - ISO 1000 - f/5,6 - 1/2000 s - main levée

Cas n°2 : mouvement imprévisible

Si votre oiseau présente un mouvement imprévisible, comme c'est souvent le cas des petits oiseaux, vous aurez du mal à le suivre en regardant dans le viseur ou sur l'écran LCD. De plus, l'autofocus de votre appareil photo ne sera probablement pas assez réactif pour effectuer une mise au point précise.

Avec ce type de sujet, je vous propose donc d'utiliser une approche différente. Cette fois-ci, vous n'allez pas chercher à suivre l'oiseau mais vous allez plutôt attendre qu'il vienne à vous !

Même s'ils ont un mouvement imprévisible, la plupart des oiseaux ont un comportement "routinier". Ils se posent régulièrement sur les mêmes branches et ils occupent souvent la même zone dans l'espace. Une fois que vous savez cela, il ne vous reste plus qu'à adapter votre façon de procéder pour réaliser la mise au point.

Pour ce type d'oiseaux, je vous conseille de faire la mise au point au préalable. Vous pouvez par exemple effectuer la mise au point sur un élément qui se situe dans le même plan ou à une distance équivalente de la zone dans laquelle l'oiseau va voler. Il ne vous reste plus alors qu'à attendre que l'oiseau passe au bon endroit pour appuyer sur le déclencheur.

Cette approche demande davantage de patience mais la mise au point est plus facile à réaliser. Dans ce cas de figure, vous pouvez vous contenter d'une mise au point ponctuelle. En appuyant à mi-course sur le déclencheur la mise au point se verrouille et ne bouge plus tant que vous ne le relâchez pas. Pour cela vous devez utiliser le mode autofocus AF-S (Nikon, Sony, Pentax) ou One-Shot (Canon) dans les réglages de votre boîtier.

Si votre appareil le permet vous pouvez aussi vous servir du bouton de mémorisation de la mise au point pour ne pas avoir à conserver en permanence l'index appuyé sur le déclencheur (et éviter ainsi les crampes !).

Pour prendre la photo ci-dessous, j'ai fait au préalable la mise au point sur la fleur en choisissant manuellement un collimateur. Vous pouvez remarquer que je n'ai pas utilisé une vitesse très rapide (1/250 s). Cela a permis d'obtenir un léger flou sur les ailes et d'apporter du dynamisme à l'image.

Un colibri se nourrit sur une fleur
270 mm - ISO 500 - f/5,6 - 1/250 s - trépied

Enfin, voici un dernier conseil pour prendre vos photos d'oiseaux en vol. Pour augmenter vos chances de réussite, je vous recommande fortement de déclencher en utilisant le mode rafale. Quand on photographie des oiseaux en vol il y a du déchet : une (bonne) partie de vos photos finira à la corbeille. Mais ne vous inquiétez pas, c'est tout à fait normal.

En prenant une série de photos en rafale, vous aurez également à disposition des attitudes différentes du sujet. Libre à vous ensuite de choisir la meilleure pose, mais c'est toujours mieux d'avoir le choix !

Fabien Beilhe

Photographe et formateur. Depuis 2012, j'accompagne les photographes de tous niveaux à travers mon blog et mes formations en ligne. Vous êtes passionné.e de photo ? Vous êtes au bon endroit !